Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 17.djvu/192

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flammé qui se consume peu à peu, et qui, faisant affaisser la voûte, y cause sans cesse de nouvelles ouvertures.

» Nous passâmes environ deux heures à nous reposer sur le piton ; nous y jouîmes de sa belle vue en dînant, et nous y plantâmes une perche d’environ douze pieds, que j’avais fait apporter exprès, avec une vieille toile, pour servir de pavillon. Ensuite il fallut descendre par le même chemin qui nous avait servi à monter. On peut croire qu’il ne s’y en trouve point de battus. Peu de voyageurs se laissent tenter par une curiosité aussi dangereuse que la mienne. Je ne laissai point de m’approcher, autant qu’il me fut possible, de la grande bouche, dont l’accès m’avait paru moins difficile que celui de la petite ; et j’y fis jeter de grosses pierres par le plus robuste de mes compagnons ; mais je ne vis point augmenter, comme on me l’avait annoncé, la fumée ni les étincelles. La terre retentissait sous nos pieds, et lorsqu’on la frappait d’un bâton, comme si nous eussions été sur le pont d’un vaisseau. Si l’on remuait une grosse pierre, la fumée sortait aussitôt. Toutes les pierres de la montagne sont légères et sentent beaucoup le soufre. J’en fis prendre quelques-unes au sommet. Quoiqu’on fût alors dans la plus grande chaleur du jour, l’air était très-frais sur le Piton, et je doute qu’on y pût résister pendant la nuit. Les nègres, qui vont prendre du soufre pour le vendre après l’avoir bien purifié, se