cuite, on jette du sel dessus. Une feuille de cachibou ou de balisier sert d’assiette. Il faut avouer qu’un diable, mangé sans autre préparation, est un mets délicieux. La nuit fut belle et sans pluie. Nous la passâmes tranquillement, quoique souvent éveillés par les diables, qui sortaient de leurs retraites en criant, et qui n’y rentraient pas avec moins de bruit.
Le lendemain, dès la pointe du jour, nous commençâmes à leur faire sérieusement la guerre. Chaque chasseur est armé d’une gaule de la grosseur d’un pouce, longue de sept à huit pieds, avec un crochet au bout. Les chiens que nous avions amenés guettaient et flairaient dans les trous. La montagne en est percée comme une garenne. Dès que nos chiens y sentaient un diable, ils japaient et se mettaient à gratter ; mais on les empêche de gâter les entrées, parce que ces oiseaux n’y rentreraient pas l’année suivante. On se contente d’enfoncer une gaule dans le trou, jusqu’à ce qu’on rencontre l’oiseau, qui la prend avec le bec et la serre, et se laisse plutôt entraîner dehors que de lâcher prise. Lorsqu’il est à la bouche du trou, la lumière l’aveugle ; il est ébloui, il veut reculer ; mais le chasseur l’arrête du pied. Il se renverse alors sur le dos, en tendant le bec et les griffes pour se défendre. On le prend par la tête, on lui tord le cou, et le chasseur l’attache à des cordes qu’il porte en ceinture. On est obligé, pour continuer cette chasse