leur était odieux. Cependant les premiers oublièrent la Tortue ; mais il n’en fut pas de même des Espagnols, qui s’obstinèrent à délivrer cette île et la côte de Saint-Domingue, de tout établissement étranger. Dès l’année suivante, ils firent partir de Saint-Domingue une escadre composée de six bâtimens, qui portaient cinq ou six cents hommes. Elle rentra dans la rade, avec la certitude de vaincre une poignée d’habitans surpris, que les Espagnols croyaient sans retranchemens et sans canon. Mais Le Vasseur, qui entendait toutes les parties du génie, s’était mis en état de ne pas craindre d’insulte. Il s’élève à cinq ou six cents pas de la mer une montagne qui se termine en plate-forme, et le milieu de cette plate-forme est occupé par un rocher escarpé de toutes parts à la hauteur de trente pieds. C’est à neuf ou dix pas de ce rocher qu’on voit sortir la fontaine la plus grosse de l’île. Le commandant avait fait sur la plate-forme des terrasses régulières, capables de loger jusqu’à quatre cents hommes. Il s’était logé lui-même sur le haut du roc, où il avait placé aussi ses magasins ; et, pour y monter, il avait fait tailler quelques marches jusqu’à la moitié du chemin. On faisait le reste à l’aide d’une échelle de fer, qui pouvait se retirer ; et, pour comble de précaution, Le Vasseur avait ménagé un tuyau en forme de cheminée, par lequel on descendait avec une corde sur la terrasse sans être vu. Un logement si peu
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