ou quelques bâtimens du même ordre. Si le succès répondait à leur audace, ils retournaient à la Tortue pour y augmenter leur troupe ; et l’équipage d’une barque était ordinairement de cent cinquante hommes. Ils allèrent ensuite, les uns à Bayaha, les autres au Port-Margot, pour y prendre du bœuf ou du porc. Ceux qui aimaient mieux la chair de tortue allaient à la côte méridionale de Cuba, où ces animaux se trouvent en abondance.
Avant que de se mettre sérieusement en course, ils se choisissaient un capitaine, dont toute l’autorité consistait à commander dans l’action ; mais il avait le privilége de lever un double lot dans le partage du butin. Le coffre du chirurgien se payait à frais communs, et les récompenses des blessés étaient prélevées sur le total. On les proportionnait au dommage de la blessure : c’est-à-dire qu’on donnait, par exemple, six cents écus ou six esclaves à ceux qui avaient perdu les deux yeux ou les deux pieds. Cette convention se nommait chasse-partie ; et la méthode établie pour le partage, s’appelait partager à compagnon bon lot. Quoique les flibustiers tombassent d’abord sur tout ce qu’ils rencontraient, on assure que les Espagnols furent toujours le principal objet de leurs brigandages. Ils établissaient la justice de leur haine pour cette nation sur ce qu’elle leur interdisait dans ses îles la pêche et la chasse, qui sont, disaient-ils, de droit naturel ; et, formant leur conscience sur ce principe, ils ne