avais fait la demande au nom de la compagnie. En effet, les Anglais n’ont rien à gagner avec nous, qui sommes ordinairement dans les bois ; et ils doivent nous craindre. Ils ont su que j’avais eu pendant un mois entier cinq cents hommes à la Tortue prêts à fondre sur Port-Royal, que j’aurais pris assurément, si la poudre que j’attendais fût arrivée. »
Ce fut vers ce temps que les Anglais s’établirent dans cette partie de la Floride à laquelle ils ont donné le nom de Caroline. D’Ogeron avait représenté, dans le même mémoire l’importance de se rétablir dans une contrée dont les Français avaient eu la possession, et n’avait demandé, pour cette entreprise, que ce qui reviendrait de la Tortue lorsque cette île serait à couvert d’insulte. Il avait donné pour motif que la Floride n’en est qu’à deux cents lieues, que les vents sont toujours bons pour aller et revenir ; qu’il serait facile de se rendre maître de tout le commerce des Espagnols en établissant un poste qui dominât le canal de Bahama ; que, les denrées étant toujours fort chères à Saint-Domingue, la Floride pouvait fournir toutes celles qui croissent dans tout autre endroit ; que, dans le cas d’accident, on y trouverait un refuge sûr et peu éloigné ; enfin que cet établissement était désiré des Français de toutes les Antilles, ne fût-ce que pour mettre une digue à la puissance anglaise, qui devenait excessive dans ces mers. Rien n’était si sage ; mais il pa-