Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/122

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bute pas même les Européens qui ont fait dans le pays un séjour de quelques années ; ils le préfèrent à leur patrie. Ellis assure que les Anglais qui reviennent avec les vaisseaux de la Compagnie s’ennuient bientôt de l’air tempéré des provinces d’Angleterre, et n’attendent point sans impatience le temps de retourner dans ces régions glacées.

On a remarqué que diverses sortes d’animaux traversent au printemps une immense étendue de pays du sud au nord, pour aller faire leurs petits dans des lieux sûrs, c’est-à-dire dans les pays plus septentrionaux, qui sont presque entièrement inhabités ; qu’on en tue tous les ans un prodigieux nombre, qu’ils sont fort tourmentés dans leur route par une espèce de gros moucherons dont l’incommodité ne se fait pas moins sentir aux hommes, et que c’est pour éviter leurs morsures que les bêtes fauves cherchent les rivières et les lacs. Ellis, cherchant d’où cette prodigieuse quantité d’insectes pouvait venir aussi subitement qu’ils paraissent, et comment ils pouvaient tout d’un coup se multiplier, apprit par le témoignage de ses propres yeux qu’ils ne meurent point en hiver. Ils tombent, dit-il, dans une espèce de léthargie, dont ils reviennent aussitôt que les chaleurs commencent. Un Anglais, traversant pendant l’hiver un petit ruisseau sur un tronc d’arbre pris dans les glaces, en détacha par hasard une masse noire et très-informe qui fut reconnue pour un gros pelo-