Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/13

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ou l’Île du Château, et présente effectivement un château ou un fort si favorablement situé à une lieue de la ville, dans le canal même qui y conduit, qu’aucun vaisseau n’y pourrait passer sans se mettre au hasard d’être abîmé par l’artillerie. Sous les règnes de Charles ii et de Jacques ii, les fortifications de Castle-Island étaient fort irrégulières ; et ces deux princes s’occupèrent peu de la sûreté d’un peuple qui avait mieux aimé se retirer parmi les sauvages de l’Amérique que de vivre en Angleterre sous la protection des lois ; mais Guillaume iii prit le parti d’envoyer à Boston le colonel Borner, ingénieur d’un mérite distingué, qui commença par détruire tous les anciens ouvrages pour faire de l’Île-du-Château la forteresse la plus régulière de toutes les colonies anglaises, et qui lui donna le nom de Fort Guillaume. Il y a, à deux grandes lieues de la ville, un fanal fort élevé, dont les signaux peuvent être aperçus de la forteresse, qui les répète aussitôt que la côte ; et, dans le besoin, Boston donne aussi les siens pour répandre l’alarme dans toutes les habitations voisines ; de sorte qu’à l’exception d’une brume fort épaisse, à la faveur de laquelle quelques vaisseaux ennemis pourraient se glisser entre les îles, il n’y a point de cas, dit-on, où la ville n’ait cinq ou six heures pour se se disposer à les recevoir. Mais, supposé qu’ils passassent impunément sous l’artillerie du château, ils trouveraient, au nord et au sud de Boston, des batteries qui commandent toute la