Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/136

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ne rien entreprendre contre le service de l’Angleterre, ils y conservaient toutes les prérogatives dont ils avaient joui sous leur souverain naturel ; qu’ils avaient des prêtres catholiques avec l’exercice libre de leur religion, et qu’ils entretenaient une sorte de correspondance avec l’Île Royale. On lui dit que le gouvernement avait jugé à propos de leur accorder toutes ces faveurs pour leur ôter l’envie de se retirer, soit en Canada, soit dans l’Île Royale, comme le traité d’Utrecht leur en laissait la liberté, avec celle d’emporter tous leurs effets, et de vendre même leurs immeubles ; qu’on s’était épargné par cette voie les frais d’une nouvelle peuplade pour les remplacer ; que d’ailleurs il aurait été difficile de trouver des habitans aussi laborieux et aussi industrieux ; qu’au reste, ils n’en avaient jamais abusé, et que c’était même à leur considération que les sauvages alliés de la France avaient cessé de chagriner les Anglais. Ces raisons ne persuadèrent point le gouverneur, qui crut apparemment les circonstances changées. Il commença par leur interdire tout commerce avec l’Île Royale ; : ensuite il leur fit signifier qu’il ne leur donnait que quatre mois pour se résoudre à prêter le serment de fidélité que tous les sujets doivent à leur souverain. Saint-Ovide, qui avait succédé à Costebelle, fut informé de cette nouvelle prétention, et se hâta de faire représenter aux Français d’Acadie que, s’ils avaient la faiblesse de céder, ils de-