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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/167

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belle rivière, qui ne s’y joint qu’après en avoir reçu deux autres, l’une à droite, l’autre à gauche ; et de là vient le nom des Trois-Rivières, que la ville a pris dans son origine. Au-dessus, et presqu’à la même distance, on trouve le lac Saint-Pierre, long de sept lieues et large de trois. Ainsi rien ne borne la vue de ce côté-là, et le soleil paraît se coucher dans les ondes. Ce lac, qui n’est qu’un élargissement du fleuve, reçoit plusieurs rivières, et n’est pas moins renommé pour l’abondance que pour la bonté de son poisson.

On ne compte pas plus de sept ou huit cents Français dans la ville des Trois-Rivières, quoiqu’elle ait dans son voisinage des mines d’excellent fer, qui seraient capables d’enrichir une grande ville : on n’a commencé que depuis peu à les faire valoir. Au reste, le petit nombre des habitans de cette ville n’empêche point que sa situation ne la rende importante. C’est un des plus anciens établissemens de la colonie ; et l’on y a vu dès les premiers temps un gouverneur avec un état-major. Un couvent de récollets, une assez belle paroisse desservie par les mêmes religieux, et un très-bel hôpital, qui fait partie d’un couvent d’ursulines, où l’on en compte quarante chargées de l’emploi d’hospitalières, sont les principaux édifices des Trois-Rivières. Dès l’année 1650, le sénéchal de la Nouvelle France, dont la juridiction est absorbée par le conseil supérieur, avait un lieutenant dans cette ville ;