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au fleuve Saint-Laurent, vis-à-vis de Sillery, c’est-à-dire une lieue et demie au-dessus de Québec, vers le sud, près d’une chute d’eau qu’on nomme le Saut de la Chaudière. Ils sont à présent sur le bord de la rivière Saint-François, à deux lieues de son embouchure dans le lac Saint-Pierre.

Des Trois-Rivières, en traversant le lac Saint-Pierre, et tirant au sud, l’observateur n’employa qu’une demi-journée pour se rendre à Saint-François. Il en partit le 13 ; et le lendemain il entra dans Mont-Réal : ce dernier trajet est de vingt-cinq lieues. Quelque agrément qu’il y ait à le faire en hiver, dans un traîneau, par la commodité de se promener sur des canaux glacés, entre des îles qui paraissent avoir été plantées à la ligne comme des orangers, le coup d’œil n’est pas beau dans une saison où le blanc prend partout la place des plus belles couleurs de la nature. Le climat est fort rude au lac de Saint-Pierre ; mais lorsqu’on a passé les îles de Richelieu, il semble qu’on soit transporté tout à coup dans une autre région. L’air devient plus doux, le terrain plus uni, le fleuve plus beau, et ses bords plus rians. On y rencontre des îles, quelques-unes habitées, et d’autres dans leur état naturel, mais qui forment toutes les plus beaux paysages du monde.

L’île de Mont-Réal, qui est comme le centre de ce beau pays, a dix lieues de long de l’est à l’ouest, et près de quatre dans la plus grande