espèce de petit lac formé par la rivière même ; c’est sur le bord du rapide et vis-à-vis du lac qu’est situé le fort de Chambly. Il n’est jamais sans une forte garnison. Les terres voisines sont si bonnes, qu’on s’est empressé d’y faire des habitations ; et l’on ne désespère pas d’y voir naître quelque jour une bonne ville. De Chambly au lac de Champlain on ne compte que huit lieues : la rivière de Sorel traverse ce lac ; et l’auteur observe que la Nouvelle France n’a peut-être point de canton qu’il soit plus à propos de peupler. Il ajoute que le climat y est doux, que les habitans y auront pour voisins les Iroquois, « bonnes gens, dit-il, qui ne chercheront point querelle aux Français, lorsqu’ils les verront en état de ne les pas craindre, et qui s’accommoderont encore mieux de ce voisinage que de celui de la Nouvelle York. »
Mais continuons de remonter le fleuve Saint-Laurent. Charlevoix partit du saut de Saint-Louis, le 1er. mai pour aller passer la nuit à la pointe occidentale de l’île de Mont-Réal. Le lendemain, après avoir employé la matinée à visiter le pays, qu’il trouva fort beau, il traversa le lac Saint-Louis pour se rendre aux Cascades, nom qu’on donne à un rapide situé précisément au-dessus de l’île Perrot, qui fait la séparation du lac Saint-Louis et du lac des deux montagnes. On l’évite en prenant un peu à droite, pour faire passer les canots à vide dans un endroit qu’on nomme le Trou ; ensuite, les tirant à terre, on fait un portage d’un demi-