Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/177

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

honneur de montrer. L’observateur vante l’esprit de ce sauvage, quoiqu’il n’eut pas laissé, dit-il, de vendre sa seigneurie pour quatre pots d’eau-de-vie ; mais s’étant réservé l’usufruit, il y avait rassemblé dix-huit ou vingt familles de sa nation : dans toute sa conduite il affectait d’imiter les manières françaises. De là jusqu’au fort de Catarocoui il ne reste qu’environ quinze lieues, dans l’espace desquelles on traversé une espèce d’archipel, nommé les Mille-Îles, et qui en contient du moins plus de cinq cents. Ensuite on n’a qu’une lieue et demie jusqu’au fort. Le fleuve est ici plus libre, et plus large d’une demi-lieue. On laisse à droite trois grandes anses, assez profondes ; et le fort est bâti dans la troisième. C’est un carré à quatre bastions, qui n’occupe pas moins d’un quart de lieue de circuit. Il est construit de pierres, et sa situation est extrêmement agréable, surtout vers les bords, qui présentent un paysage fort varié. Il en est de même de l’entrée du lac Ontario, qui n’en est qu’à une demi-lieue. Elle est semée d’îles de différentes grandeurs, toutes couvertes d’arbres, et rien n’y termine l’horizon. Ce lac a reçu le nom de Saint-Louis ; ensuite celui de Frontenac, qui avait été donné aussi au fort de Catarocoui, dont le comte de Frontenac est le fondateur ; mais insensiblement le lac a repris son ancien nom, qui est Ontario, et le fort celui de l’anse dont il occupe les bords. Le terrain, depuis la Galette, est très-bon, quoi-