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les sauvages. Ils les regardent comme un présent des dieux qui habitent sous les eaux ; et, quoiqu’ils n’en fassent aucun usage, ils en ramassent avec soin les moindres fragmens. Anciennement, disent-ils, on y voyait un rocher de cette matière, qui s’élevait beaucoup au-dessus de l’eau ; et comme il ne paraît plus, ils prétendent que les mêmes dieux l’ont transporté dans quelque lieu caché. L’observateur ne rejette point l’existence, d’un rocher de cuivre, et juge qu’avec le temps les vagues peuvent l’avoir couvert de sable. Il assure qu’on a découvert en plusieurs endroits une quantité considérable de ce métal, sans avoir creusé beaucoup ; qu’il est presque pur, et qu’un frère jésuite, orfèvre de profession, servant à la mission du saut de Sainte-Marie, en a fait des chandeliers, des croix et des encensoirs.

On compte quatre-vingts lieues du fort de Michillimakimac à la baie des Puans, ou la grande baie ; et l’observateur eut l’occasion de faire ce voyage avec le chevalier de Montigny. Ils s’embarquèrent le 2 juillet. Pendant trente lieues, ils côtoyèrent une langue de terre qui sépare le lac Michigan du lac Supérieur, et qui n’a dans quelques endroits que quelques lieues de large. Le pays est fort mauvais ; mais il est terminé par une belle rivière, nommée la Manistie, fort poissonneuse, et surtout abondante en esturgeons. Un peu plus loin, en tirant au sud-ouest, on entre dans un grand golfe dont l’entrée est bordée d’îles : il