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loin, on entre dans un lac d’environ deux lieues de tour. Un gros morne, qu’on laisse à gauche en entrant, semble taillé de main d’homme pour faciliter sa décharge dans le Michigan. À droite, la côte est fort basse dans un espace de cent pas ; ensuite elle devient tout d’un coup fort haute ; c’est la description qu’en avait faite l’observateur. Il ajoute que le père Marquette, après avoir fait plusieurs découvertes dans toutes ces contrées, s’arrêta, le 18 mai 1675, à l’embouchure de cette rivière, qu’il y mourut subitement, et qu’il y fut enterré. Les Français ont donné son nom à la rivière, et les sauvages mêmes ne l’appellent plus que la rivière de la robe noire.

Trois lieues plus loin, on trouve celle de Saint-Nicolas, qui est accompagnée aussi d’un lac plus long que le précédent, et moins large ; il est bordé de pins rouges et blancs, dont les derniers, qui ont l’écorce plus rude, mais le bois meilleur, donnent une gomme assez fine ; au lieu que des autres on ne tire que du brai, dont on fait de très-bon goudron. Le 6, après avoir passé devant la Rivière-Noire, et s’être reposé au bord de son lac, l’observateur entra dans celle de Saint-Joseph.

Il lui donne plus de cent lieues de cours ; sa source n’est pas loin du lac Érié ; elle est navigable pendant quatre-vingts lieues ; on la remonte environ vingt-cinq pour se rendre au fort français ; et dans cet espace on ne découvre que d’excellentes terres, couvertes d’arbres d’une