pide, qui coupe son embouchure, a reçu le nom de la Charbonnière, parce que les environs sont remplis de charbon-de-terre. On ne voit sur cette route que d’immenses prairies, semées de petits bosquets de bois qu’on y croirait plantés à la main : les herbes y sont si hautes, qu’un homme y disparaît ; mais on y rencontre de toutes parts des sentiers battus, qui sont le passage de troupeaux de bœufs, de cerfs et de chevreuils. Une lieue au-dessous de la Charbonnière, on découvre, sur la droite, un rocher de forme ronde et fort élevé, dont le sommet est en terrasse. Il se nomme le fort des Miamis, parce que ces Américains y avaient autrefois un village. Une autre lieue plus loin, sur la gauche, on en voit un de même figure, qu’on appelle simplement le Rocher : c’est la face d’une hauteur escarpée qui règne l’espace de deux cents pas, et toujours sur le bord de la rivière. On y aperçoit encore quelques restes de palissades d’un ancien retranchement des Illinois. Leur village est au pied de ce roc, dans une île suivie de plusieurs autres, et toutes d’une fertilité merveilleuse, qui séparent en cet endroit la rivière en deux canaux assez larges. Faisons parler un moment l’observateur. « J’y débarquai le 29, vers quatre heures du soir, et j’y rencontrai quelques Français qui faisaient la traite avec les sauvages. À peine fus-je au rivage, que je reçus les civilités du chef de la bourgade, Américain d’environ quarante ans,
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