Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/229

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dix sur le fleuve. Deux lieues et demie au-dessus de la rivière, on laisse à droite celle qui se nomme aujourd’hui la Rivière-Rouge, célèbre parmi les Espagnols sous le nom de Rio-Colorado. Elle court pendant quelque temps est et ouest, après quoi elle tourne au sud ; mais elle n’est navigable, pour les pirogues, que pendant l’espace de quarante lieues, au delà desquelles on ne trouve plus que des marais inaccessibles. Son embouchure dans le fleuve est large d’environ deux cents toises. Dix lieues au-dessus, elle reçoit à droite la Rivière-Noire ou des Ouatchitas, qui vient du nord, et qui est presque sans eau pendant plus de la moitié de l’année ; ce qui n’a point empêché les Français d’y placer quelques habitations, dans l’espoir d’y profiter du voisinage des Espagnols. Les Natchitochés sont établis sur la Rivière-Rouge, où la compagnie des Indes a construit un fort pour arrêter ceux qui peuvent lui nuire. Un peu au-dessous de la Rivière-Rouge, on trouve une fort belle anse, et, cinq lieues plus loin, on passe une pointe coupée qui épargne aux voyageurs quatorze lieues de chemin. On a cette obligation à des Canadiens : à force de creuser un petit ruisseau, situé derrière la pointe, ils y ont fait entrer les eaux du fleuve, qui, s’étant répandues avec impétuosité dans ce nouveau canal, ont laissé l’ancien lit presque à sec. Immédiatement au-dessous de la pointe, on voyait, en 1721, un établissement nommé Sainte-Reine, dans un terrain très-fertile. Une