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dans un port. L’opinion commune donne à ce lac six cents lieues de circuit. « On n’y peut aller, dit-on, que par des chemins presque impraticables ; tous les bords en sont charmans ; l’air y est fort tempéré, quoiqu’on le place au nord-ouest du lac supérieur, où le froid est excessif ; il contient un si grand nombre d’îles, que les sauvages du pays lui donnent le nom de Lac des Îles ; d’autres le nomment Michinipi, qui signifie la grande eau. » En effet, c’est comme le réservoir des plus grandes rivières et de tous les grands lacs de l’Amérique septentrionale : on en fait sortir, sur plusieurs indices, le fleuve Bourbon, qui se jette dans la baie d’Hudson ; le fleuve Saint-Laurent, qui porte ses eaux dans l’Océan ; le Mississipi, qui se décharge dans le golfe du Mexique ; le Missouri, qui se joint à ce dernier, et qui, jusqu’à leur jonction, ne lui est inférieur en rien ; et un cinquième, qui, coulant, dit-on, vers l’ouest, ne peut se rendre que dans la mer du Sud. On lit dans la relation du P. Marquette, que non-seulement plusieurs sauvages lui avaient parlé de la rivière qui coule à l’ouest, mais qu’ils s’étaient vantés d’avoir vu de grands navires à son embouchure.

Les langues algonquine et huronne partagent toutes les nations sauvages du Canada qui sont en commerce avec les Européens. On assure qu’avec la connaissance de ces deux langues, un voyageur pourrait parcourir sans interprète plus de quinze cents lieues de pays,