Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/264

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que les Algonquins. Quelques voyageurs ne la regardent pas même comme une langue mère, et donnent ce titre à celle des Iroquois ; mais il est certain que tous les sauvages qui sont au sud du fleuve Saint-Laurent, depuis la rivière Sorel jusqu’à l’extrémité du lac Érié, et même assez proche de la Virginie, appartiennent à la langue huronne. Les dialectes en sont si multipliés, qu’il y en a presque autant que de bourgades. Les cinq cantons qui composent la république iroquoise, entre la côte méridionale du lac Ontario et la Nouvelle York, sous les noms de Tonontouans, de Goyoguans, d’Onontagués, d’Onoyouts et d’Agniés, ont chacun la leur. On ne compte pas moins de trente lieues du grand village de chaque canton à l’autre ; et La Hontan comptait, en 1684, environ quatorze mille âmes dans chaque village. Mais tout ce qui regarde cette nation est réservé pour un autre article. Il reste à donner ici quelque idée des trois langues qui font la division des autres peuples.

Ceux qui ont étudié à fond les langues de la Nouvelle France croient trouver dans les trois qu’on a nommées tous les caractères des langues primitives, et jugent qu’elles n’ont point une origine commune. Ils en trouvent dans la seule prononciation une preuve qu’ils jugent certaine. Le Siou siffle en parlant ; le Huron, qui n’a point de lettre labiale, parle du gosier, aspire presque toutes les syllabes ; l’Algonquin prononce avec plus de douceur,