dire alors : C’est un esprit. Ils l’emploient aussi pour ceux qui se distinguent par leurs talens, ou par quelque action extraordinaire ; ce sont des esprits, c’est-à-dire ils ont un génie protecteur d’un ordre éminent. Quelques-uns, surtout cette sorte de prêtres que la plupart des relations nomment jongleurs, veulent persuader qu’ils souffrent des transports extatiques, et publient que dans ces extases leurs génies leur découvrent l’avenir et les choses les plus éloignées. On a vu dans toutes nos descriptions qu’il n’y a point de nations barbares qui n’aient un grand nombre de ces imposteurs.
Aussitôt qu’un jeune homme a reconnu ce qu’il doit regarder comme son génie, on l’instruit soigneusement de l’hommage qu’il lui doit. La fête se termine par un festin ; et l’usage est de piquer sur son corps la figure de l’Okki ou du Manitou. Les femmes ont aussi le leur ; mais elles n’y attachent pas autant d’importance que les hommes. Ces esprits sont honorés par différentes sortes d’offrandes et de sacrifices. On jette dans les rivières et dans les lacs, du pétun, du tabac, et des oiseaux égorgés à l’honneur du dieu des eaux. Pour le soleil, on les jette au feu. C’est quelquefois par reconnaissance, mais plus ordinairement par intérêt. On remarque aussi, dans quelques occasions, différentes espèces de libations accompagnées de termes mystérieux dont les Européens n’ont jamais pu se procurer la com-