s’asseoir à côté de la fille ; et s’il y est souffert, le mariage passe pour conclu. Mais parmi ces déférences il ne laisse pas de faire sentir qu’il sera bientôt le maître. Des présens qu’il fait, quelques-uns sont moins des témoignages d’amitié que des symboles et des avertissemens d’esclavage ; tels sont le collier, longue et large bande de cuir qui sert à porter divers fardeaux, la chaudière et une bûche. On les présente à la jeune femme, dans sa cabane, pour lui faire entendre qu’elle sera obligée de porter les fardeaux, de faire la cuisine, et de fournir la provision de bois. L’usage l’oblige même, dans quelques nations, de porter d’avance tout le bois nécessaire pour l’hiver suivant. On fait observer d’ailleurs que pour tous ces devoirs il n’y a point de différence à l’avantage des femmes, dans les nations où elles ont toute l’autorité. Quoique maîtresses de l’état, du moins en apparence, elles n’en sont pas moins les esclaves de leurs maris. En général, il n’y a point de pays au monde où les femmes soient plus méprisées. Traiter un sauvage de femme, c’est pour lui le plus sanglant des outrages. Cependant les enfans n’appartiennent qu’à la mère, et ne reconnaissent point d’autre autorité que la sienne. Le père est toujours pour eux comme étranger ; il n’est respecté qu’à titre de maître. Le P. Charlevoix, qui parle aussi de tous ces usages, doute s’ils sont communs à tous les peuples du Canada, surtout celui qui oblige les jeunes femmes, outre les
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