Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/314

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travail de l’agriculture ; et pour la récolte, elles ont quelquefois recours aux hommes qui daignent y mettre la main. Tout finit par une fête, et par un grand festin qui se fait pendant la nuit. Les grains et les autres fruits se conservent dans des trous que les hommes creusent en terre, et qu’ils tapissent de grandes écorces. Plusieurs laissent le maïs en épis, tressés comme les ognons le sont en France, et distribués sur de grandes perches au-dessus de l’entrée des cabanes ; d’autres l’égrainent pour en remplir de grands paniers d’écorce percés de toutes parts ; ce qui l’empêche de s’échauffer. Mais si la crainte d’une irruption ou de quelque autre disgrâce oblige tous les habitans d’une bourgade à s’éloigner, on fait de grands trous en terre, où tous les grains se conservent fort bien. Dans les parties septentrionales, on sème peu, et plusieurs nations ne sèment jamais ; le maïs s’achète par des échanges. Ce grain, que l’historien de la Nouvelle France appelle un légume, est sain et nourrissant, sans charger trop l’estomac. Les coureurs français n’y apportent point d’autre préparation que de le faire bouillir quelque temps dans une espèce de lessive. Ils en font des provisions pour leurs voyages. Un peu de sel qu’ils y mettents, en achevant de le faire cuire à l’eau, sert d’assaisonnement ; et cette nourriture n’a rien de désagréable : mon on s’est aperçu que la lessive, dont on ne nous apprend point la composition, lui laisse une qualité corrosive