Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/330

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le visage, remplissez vos carquois. Faisons retentir nos bois de chants guerriers : désennuyons nos morts ; apprenons-leur qu’ils seront vengés. »

Après les applaudissemens que ce discours ne manque point d’exciter, le chef s’avance au milieu de l’assemblée, son casse-tête à la main, et chante. Tous ses soldats lui répondent en chantant, et jurent de vaincre ou de périr. Leurs chansons et leurs sermens sont accompagnés de gestes fort expressifs ; mais il ne leur échappe rien qui marque la moindre dépendance. Tout se réduit à promettre beaucoup d’union et de courage. D’ailleurs l’engagement qu’ils prennent avec le chef l’assujettit lui-même à plusieurs devoirs. Chaque fois, par exemple, que dans les danses publiques un sauvage, frappant de sa hache le poteau qu’on dresse exprès au milieu du cercle, rappelle à l’assemblée ses plus belles actions, le chef est obligé de lui faire quelque présent. Les chants sont suivis de danses. Quelquefois ce n’est qu’une marche fière, mais cadencée : plus souvent ce sont des mouvemens assez vifs, et des figures qui représentent les opérations d’une campagne. Enfin le repas termine la cérémonie. Le chef militaire n’en est que spectateur la pipe à la bouche ; et c’est un usage assez commun dans tous les festins, que celui qui en fait les honneurs ne touche à rien. Les jours suivans, et jusqu’au départ des guerriers, il se passe mille autres singularités, mais si diffé-