Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/334

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ver tant de facilité, qu’on croit n’avoir rien aux pieds. L’usage des raquettes est impossible avec nos souliers ; un Européen doit prendre ceux des sauvages, qui ne sont que des chaussons de peau boucanée, plissés par-dessus à l’extrémité du pied, et liés de plusieurs cordons. Les traîneaux, ou traînes en langage français du Canada, servent à porter le bagage, et, dans l’occasion, les malades et les blessés ; ce sont deux petites planches fort minces, chacune d’un demi-pied de largeur sur six ou sept de long. Les devans en sont un peu relevés, et les côtés sont bordés de petites bandes où l’on attache des courroies pour assujettir ce qu’on veut porter. Quelque charge qu’on y mette, un seul sauvage suffit pour traîner une de ces voitures, à l’aide d’une longue bande de cuir qui passe sur la poitrine, et qu’on appelle collier. Les mères se servent aussi de traîneaux pour porter leurs enfans dans leurs berceaux ; mais c’est sur le front qu’elles appuient leur collier.

Le jour du départ arrive, et les adieux se font avec tous les témoignages d’une vive tendresse. Chacun veut conserver quelque chose qui ait été à l’usage des guerriers. S’ils entrent dans une cabane, on prend leur robe pour leur en donner une meilleure ou d’égale bonté. Enfin ils se rendent chez le chef, qu’ils trouvent armé, comme il n’a pas cessé de l’être depuis qu’il porte ce titre. Il leur fait une courte harangue, et sort ensuite de sa cabane, en chantant sa chanson de mort. Tous le suivent à la file dans