Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/336

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connaître et se rallier. Ce sont de petits morceaux d’écorce, coupés en rond, sur lesquels ils tracent la marque de leur nation ou de leur bourgade, et qu’ils mettent au bout d’une perche. Si le parti est nombreux, chaque famille a la sienne, avec sa marque distinctive. Les armes sont ornées aussi de différentes figures, quelquefois de la marque particulière du chef ; et chacun, suivant son caprice, a le visage peint de quelque horrible figure. Mais ce qui n’attire pas moins d’attention que les armes, et ce qui se conserve encore plus soigneusement, ce sont les Manitous, sous lesquels chacun se représente son génie protecteur. On les met tous dans un sac de jonc, peint de différentes couleurs ; et souvent, pour faire honneur au chef, on place ce sac à l’avant de son canot. Si le nombre des Manitous est trop grand pour un seul sac, ils sont distribués dans plusieurs, qu’on remet à la garde du lieutenant et des anciens de chaque famille. On y joint les présens qu’on a reçus, pour céder quelque part des prisonniers, avec les langues des animaux qu’on tue pendant la campagne, et qui doivent être offertes aux esprits.

Dans les marches par terre, le chef même part chargé de son sac, qu’on nomme sa natte ; mais il est en droit de se décharger de ce fardeau sur celui qu’il veut choisir ; et personne ne refuse cet office, parce qu’on y attache une distinction qui le rend fort honorable : il donne un droit de survivance pour le com-