Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/366

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à qui le Grand Esprit a sauvé la vie par des infirmités.

» Écoute, Onnontio : nos femmes avaient pris les casse-têtes ; nos enfans et nos vieillards portaient déjà l’arc et la flèche à ton camp, si nos guerriers ne les eussent retenus et désarmés, lorsque ton ambassadeur Akouessan parut dans mon village. C’en est fait, j’ai parlé.

» Écoute, Onnontio, nous n’avons pas pillé d’autres Français que ceux qui portaient des fusils, de la poudre et des balles aux Otamis et aux Illinois, nos ennemis, parce que ces armes auraient pu leur coûter la vie. Nous avons fait comme les jésuites, qui cassent tous les barils d’eau-de-vie qu’on porte dans nos villages, de peur que les ivrognes ne leur cassent la tête. Nos guerriers n’ont point de castors pour payer toutes les armes qu’ils ont pillées, et les pauvres vieillards ne craignent point la guerre. Ce collier contient ma parole.

» Nous avons introduit les Anglais dans les lacs pour y trafiquer avec les Otaouais et les Hurons, de même que les Algonquins ont conduit les Français à nos villages, que les Anglais disent leur appartenir. Nous sommes nés libres : nous ne dépendons ni d’Onnontio, ni de Corlar[1]. Il nous est permis d’aller où nous voulons, d’y conduire qui bon nous semble, d’acheter et de vendre à qui il nous plaît. Si tes alliés sont tes esclaves ou tes enfans, traite-les comme des esclaves ou comme des en-

  1. Nom que les sauvages donnent aux gouverneurs anglais.