Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/370

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périr un grand nombre ; et que la phthisie, suite naturelle des grandes fatigues et des exercices violens auxquels ils s’exposent dès l’enfance, enlève quantité de jeunes gens ; mais on traite d’extravagance et d’erreur l’opinion de ceux qui leur croient le sang plus froid qu’à nous, et qui rapportent à cette cause leur apparente insensibilité dans les tourmens. On prétend, au contraire, qu’ils l’ont extrêmement balsamique ; ce qui vient, dit-on, de ce qu’ils n’usent point de sel, ni de tout ce que nous employons pour relever le goût de nos viandes.

Rarement ils regardent une maladie comme naturelle ; et parmi les remèdes dont ils font usage, ils en reconnaissent peu qu’ils croient capables de les guérir par leur unique vertu. Leurs simples sont ordinairement employés pour les plaies, les fractures, les dislocations, les luxations et les ruptures. Ils blâment les grandes incisions qu’ils voient faire à nos chirurgiens pour nettoyer les plaies. Leur méthode est d’y exprimer le suc de plusieurs plantes ; et cette composition, dont ils se réservent la connaissance, attire, dit-on, non-seulement le pus, mais jusqu’aux esquilles, aux pierres, au fer, et généralement tous les corps étrangers qui sont demeurés dans la partie blessée. Ces mêmes sucs sont la seule nourriture du malade, jusqu’à ce que sa plaie soit fermée. Celui qui la panse en prend aussi avant de sucer la plaie, lorsqu’il y est obligé ; mais