Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/377

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metière à peu de distance du village. D’autres enterrent leurs morts dans les bois, au pied d’un arbre, ou les font sécher, et les gardent dans des caisses jusqu’à la fête des morts, dont on verra bientôt la description ; mais pour ceux qui sont morts de froid ou noyés, le cérémonial est bizarre : les sauvages, persuadés que les accidens ne viennent que de la colère des esprits, et qu’elle ne s’apaiserait point si les corps ne se retrouvaient, commencent par des pleurs, des danses, des chants et des festins pendant qu’on cherche le corps. S’ils le retrouvent, ils le portent à la sépulture ; mais si l’on en est trop éloigné, il est déposé, jusqu’à la fête des morts, dans une large fosse où l’on allume d’abord un grand feu ; plusieurs jeunes gens s’approchent du cadavre, coupent les chairs aux parties qui ont été crayonnées par un ancien, et les jettent dans le feu avec les viscères ; ensuite ils placent le corps dans le lieu qu’on a préparé. Pendant toute cette opération, les femmes, surtout les parentes du mort, tournent sans cesse autour de ceux qui travaillent, les exhortent à bien remplir leur office, et leur mettent des grains de porcelaine dans la bouche, comme on y met des dragées aux enfans. On ne donne aucune explication de cet usage.

L’enterrement est suivi des présens qui se font à la famille affligée ; ce qui s’appelle couvrir le mort : ils se font au nom de la bourgade, et quelquefois de la nation entière. Les alliés en font aussi, mais c’est seulement à la mort des