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leurs pieds la figure de l’ennemi, désignée par la marque de sa nation. Dans tous ces traités, on se donne mutuellement des gages, tels que des colliers de porcelaine, des calumets, des esclaves, et quelquefois des peaux de cerfs et d’élans bien passées et ornées de figures. C’est sur ces peaux que se font les représentations, avec du poil de porc-épic et de simples couleurs.

Il y a des danses moins composées, dont l’unique but est de donner aux guerriers l’occasion de raconter leurs belles actions ; car la vanité leur rend cette occupation si douce, qu’ils ne s’en lassent jamais. Celui qui donne la fête y fait inviter toute la bourgade au son du tambour ; et c’est autour de sa cabane qu’on s’assemble. Les guerriers y dansent tour à tour ; ils frappent sur le poteau pour demander un silence qu’on leur accorde, et pendant lequel ils vantent leurs actions. Les applaudissemens ne sont point épargnés aux vrais exploits ; mais si quelqu’un altère la vérité, il est permis aux autres de l’en punir par quelque insulte. On lui noircit ordinairement le visage, avec un reproche assez fin : « C’est pour cacher ta honte, lui dit-on ; la première fois que tu verras l’ennemi, ta pâleur fera disparaître cette peinture. » Les chefs mêmes ne sont pas exceptés.

Dans les nations occidentales, le plus commun de ces joyeux exercices est celui qu’on nomme la danse du bœuf. Les danseurs forment plusieurs cercles ; et la symphonie, tou-