Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/396

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d’autres castors, aussi réguliers, fournissent d’eau un moulin à planches par leur travail annuel.

La prodigieuse quantité de ces animaux que les premiers Français trouvèrent au Canada fait juger qu’avant leur arrivée l’ardeur des sauvages n’était pas grande pour cette chasse. Elle était néanmoins en usage ; le temps et la méthode en étaient réglés ; mais des peuples qui se bornaient alors aux pures nécessités de la vie ne faisaient pas la guerre à d’innocens animaux jusqu’à les détruire. C’est de nous qu’ils ont reçu des passions qu’ils ignoraient, et qu’ils ont appris à les satisfaire aux dépens de leur repos. La chasse du castor ne paraît pas difficile. L’industrie qu’il fait éclater dans son logement et dans le soin de sa subsistance semble l’abandonner pour sa sûreté. C’est pendant l’hiver qu’il est exposé aux persécutions des chasseurs, c’est-à-dire depuis le commencement de novembre jusqu’au mois d’avril, parce qu’alors, comme tous les autres animaux, il a plus de poil et la peau plus mince. Les sauvages ont quatre méthodes, les filets, l’affût, la tranche et la trappe : ils joignent ordinairement la première à la troisième, et rarement ils emploient la seconde. Le castor a les yeux si perçans, et l’oreille si fine, qu’il est difficile de s’en approcher avant qu’il ait gagné l’eau, où il plonge d’abord, et dont il ne s’écarte pas beaucoup en hiver : on le perdrait même quand il aurait été blessé d’un coup de