Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/398

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travers pour y tendre un grand filet, ensuite on va briser la cabane. Tous les castors qu’elle contient ne manquent point de se sauver dans le ruisseau, et se trouvent pris dans le filet ; mais on les y laisse peu, parce qu’ils s’échapperaient en le coupant.

Ceux qui bâtissent leurs cabanes dans les lacs ont, à trois ou quatre cents pas du rivage, une autre retraite qui leur tient lieu de maison de campagne pour y respirer un meilleur air. Alors les chasseurs se partagent en deux bandes, l’une pour briser la cabane des champs, l’autre pour donner en même temps sur celle du lac. Les castors d’une cabane veulent se réfugier dans l’autre, et coûtent peu à tuer dans le passage. En quelques endroits on se contente de faire une ouverture aux digues : les castors se trouvent bientôt à sec, et demeurent sans défense. S’ils n’aperçoivent point les auteurs du mal, ils accourent pour y remédier ; mais, comme on est préparé à les recevoir, il est rare qu’on les manque, ou du moins qu’on n’en prenne pas plusieurs. Quelques relations assurent que, s’ils découvrent les chasseurs ou quelques-unes des bêtes carnassières qui leur font la guerre, ils plongent avec un si grand bruit en battant l’eau de leur queue, qu’on les entend d’une demi-lieue, apparemment pour avertir tous les autres du péril qui les menace. Ils ont l’odorat si fin, que, dans l’eau même, ils sentent de fort loin les canots ; mais on ajoute qu’ils ne voient que de côté, et que