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que, ramenant quelquefois des ours qu’ils ont lassés, ils les conduisent devant eux avec une petite houssine, comme on mène un troupeau de moutons.

Cette chasse se fait en hiver. Les purs sont alors cachés dans des creux d’arbres ; ou s’ils en trouvent d’abattus, ils se font de leurs racines une tanière dont ils bouchent l’entrée avec des branches de sapin. Si ces deux secours leur manquent, ils font un trou en terre capable de les contenir, avec beaucoup de précaution pour en fermer l’ouverture. Quelquefois ils se cantonnent si bien au fond d’une caverne, qu’il faut être fort près d’eux pour les découvrir. Mais, quelque retraite qu’un ours ait choisie, il ne la quitte point de tout l’hiver. On n’est pas moins sûr qu’il n’y porte aucune provision ; d’où l’on doit conclure qu’il y est sans boire et sans manger. Ceux qui assurent qu’il tire de ses pates, en les léchant, une substance qui le nourrit, ont eu sans doute l’occasion de vérifier un fait si singulier. Quoi qu’il en soit, il n’est pas besoin de courir pour la chasse de l’ours en hiver ; il n’est question que de reconnaître les lieux où ils se tiennent à couvert. Aussitôt que les chasseurs s’en croient sûrs, ils forment un cercle d’une grandeur proportionnée à leur nombre ; ensuite ils avancent en se resserrant, et chacun cherche un de ces animaux devant soi. Des furets tels que des sauvages n’en laissent guère échapper ; et, tapis comme ils les trouvent, il ne leur est