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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/403

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un peu huileux : mais on assure que la chair d’un oursin ne le cède guère à celle d’un agneau.

L’accueil qu’on fait aux chasseurs après une heureuse chasse ferait juger qu’ils reviennent victorieux d’une longue et sanglante guerre. On chante dans toute la bourgade, et les chasseurs chantent eux-mêmes qu’il faut être homme pour vaincre des ours. Ces applaudissemens sont suivis d’un grand festin, dont on ne doit rien laisser ; et, pour premier service, on présente le plus grand ours qu’on ait pris. Il est servi tout entier avec ses entrailles, sans être écorché ; mais la peau est assez grillée pour ne pas résister beaucoup aux dents des sauvages. Ils croiraient s’attirer l’indignation des esprits, s’il en restait quelque chose. Le bouillon de la chaudière, ou plutôt la graisse fondue et réduite en huile, les os, les nerfs, tout doit disparaître. Aussi quelqu’un des convives en crève-t-il toujours, et la plupart en sont fort incommodés.

Tous les voyageurs assurent que ces animaux ne sont dangereux ici que lorsqu’ils sont pressés par la faim, ou qu’ils ont reçu quelque blessure ; cependant on ne s’en approche point sans précautions. Rarement ils attaquent ; ils fuient même à la vue d’un homme, et celle d’un chien suffit pour les faire courir bien loin. Observons que les chiens, dont les sauvages mènent un grand nombre à leurs chasses, et qu’ils élèvent soigneusement pour cet usage,