Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/407

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ou qu’on abat des arbres pour l’embarrasser dans sa marche. Mais il ne paraît pas qu’il y ait beaucoup peuplé ; son vrai pays est la baie d’Hudson, où l’on a remarqué, sur le témoignage de Jérémie, qu’on en rencontre des troupeaux de plusieurs mille. Ils se rapprochent de la mer en été ; pour s’y rafraîchir et se dérober aux maringouins, dont ils sont persécutés dans les bois. Comme ils ne font que passer sur le rivage de la baie, il reste à savoir jusqu’où ils s’avancent au midi, surtout lorsqu’on nous assure qu’ils ne paraissent jamais en grand nombre dans les colonies de France et d’Angleterre. Le père Charlevoix rapporte, comme un événement extraordinaire, que, peu d’années avant son voyage, il en avait paru un sur le cap aux Diamans, au-dessus de Québec : « Il fuyait apparemment les chasseurs ; mais, s’apercevant bientôt qu’il n’était pas en sûreté sur le cap, il ne fit presque qu’un saut de là dans le fleuve. C’est, suivant l’expression du voyageur, tout ce qu’aurait pu faire un chamois des Alpes. Ensuite il passa le fleuve à la nage avec la même vitesse : mais il fut aperçu de quelques habitans du pays, qui l’attendirent et le tuèrent sur la rive. »

La Hontan décrit quelques chasses curieuses auxquelles il assista. « Je partis, dit-il, au commencement de septembre pour aller à la chasse en canot sur les rivières et les étangs qui se déchargent dans le lac Champlain. J’étais avec trente ou quarante sauvages, fort