Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/410

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ils se contentèrent d’aboyer alentour, dans la crainte de ses poils, ou plutôt de ses dards longs et pointus, qu’il lance à trois ou quatre pas. À la fin il fut assommé, et on le jeta sur le feu pour brûler toutes ses pointes comme on brûle un porc. On le fit rôtir ; mais, quoique fort gras, il ne me parut pas d’aussi bon goût qu’on me l’avait représenté.

» Nous remontâmes de là dans un petit lac, où quelques sauvages péchèrent des truites, tandis que les autres s’occupaient à tendre des piéges pour la pêche des loutres. Ces machines sont composées de petits piquets plantés en carré long, qui forment une petite chambre dont la porte est soutenue par un autre piquet, au milieu duquel on attache une truite. La loutre, attirée par cette amorce, passe plus de la moitié du corps dans la cage pour saisir sa proie. Mais à peine y touche-t-elle, que le piquet, tiré par une petite corde qui tient la truite, tombe et fait tomber aussitôt la porte qu’il soutenait. Elle est si pesante, que l’amphibie est écrasé par sa chute. Nous en prîmes plus de deux cent cinquante. Leurs peaux sont incomparablement plus belles en Canada que dans les pays septentrionaux de l’Europe. Les meilleures se vendaient alors en France jusqu’à dix écus, surtout les noires, bien fournies de poil.

» On me fit passer alors sur un isthme d’environ cent cinquante pas, qui séparait le petit lac d’un plus grand. Je fus étonné d’y trouver quantité d’arbres abattus les uns sur les