Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/421

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frais, dit ce voyageur, n’en sont pas grands, et le profit irait fort loin si les marsouins étaient des animaux d’habitude ; mais, soit instinct ou caprice, ils trompent souvent toutes les mesures, et prennent une autre route que celle où le pêcheur les attend. D'ailleurs ces pêches, qui ne peuvent enrichir que des particuliers, diminuent celle des anguilles, qui est d’une grande ressource pour les habitans. »

La pêche du marsouin diffère peu de celle du phoque. En basse marée, on plante, dans la vase ou dans le sable, des piquets à peu de distance les uns des autres, auxquels on attache des filets en forme d’entonnoirs, et l’on met sur tous les piquets de gros bouquets de verdure. Quand la marée monte, les marsouins donnent la chasse aux harengs, qui gagnent toujours les bords, et sont d’ailleurs attirés par la verdure qu’ils aiment beaucoup : ils passent dans les flets et se trouvent enfermés. La marée ne commence pas plus tôt à baisser, qu’on a le plaisir de voir leur embarras et les mouvemens inutiles qu’ils se donnent pour sortir. Enfin ils demeurent à sec, et souvent les uns sur les autres en si grand nombre, que d’un seul coup de bâton, on en assomme plusieurs.

Dans toutes les parties du fleuve où l’eau est salée, c’est-à-dire, depuis le cap Tourmente jusqu’au golfe, on pêche presque toutes les espèces de poissons qui vivent dans l’Océan. Ils se