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degré. En cet endroit l’Océan forme une mer intérieure qu’on nomme improprement la baie d’Hudson ; car du nord au sud elle après de trois cents lieues de longueur, sur une largeur de plus de deux cents, qui se rétrécit en quelques endroits jusqu’à trente-cinq lieues. Son extrémité méridionale est par le 51e. degré de latitude nord. Rien n’est plus affreux que le pays dont elle est environnée. De quelque côté qu’on jette les yeux, on n’aperçoit que des terres incultes et sauvages, et des rochers escarpés, qui s’élèvent jusqu’aux nues, entrecoupés de profondes ravines et de vallées stériles où le soleil ne pénètre point, et que les neiges ou les glaçons, qui ne fondent jamais, rendent absolument inaccessibles. La mer n’y est bien libre que depuis le commencement de juillet jusqu’à la fin de septembre ; encore y rencontre-t-on quelquefois des glaces d’une énorme grosseur, qui jettent les navigateurs dans le plus grand embarras. Lorsqu’on y pense le moins, une marée ou un courant assez fort pour entraîner le navire, l’investit tout à coup d’un si grand nombre de ces écueils flottans, qu’aussi loin que la vue puisse porter on n’aperçoit que des glaces. Il n’y a pas d’autre moyen de s’en garantir que de se grapiner sur les plus grosses, et d’écarter les autres avec des gaffes. Mais, dès qu’on s’est ouvert un passage, il faut en profiter au plus tôt ; car, s’il survient une tempête pendant qu’on est assiégé de glaçons, quelle espérance de s’en tirer ? »