Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/99

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été pris dans leur jeunesse et transportés aux comptoirs anglais, ont toujours regretté leur pays natal. L’un d’eux, qui avait vécu long-temps parmi les Anglais, et qui avait toujours mangé à la manière anglaise, voyant ouvrir un phoque par un de nos matelots, se jeta sur l’huile qui en sortait fort abondamment, et se hâta d’avaler avec une avidité surprenante tout ce qu’il en put ramasser dans ses mains ; ensuite il s’écria dans le même transport : « Ah ! que j’aime mon cher pays, où je pouvais me remplir le ventre de cette huile aussi souvent que je le voulais ! » Il ne serait pas difficile de civiliser ces peuples, si le commerce qu’on fait avec eux demandait qu’on en prît la peine. »

Ils sont fort habiles à gouverner leurs canots, qui sont ou de bois ou de côtes de baleine, fort minces et entièrement couverts de peaux de phoques, à l’exception d’un trou vers le milieu, qui est garni d’un rebord de bois, ou de côtes, pour empêcher l’eau d’y entrer, et qui n’a que la grandeur nécessaire pour contenir un seul homme, qui s’y tient assis en étendant les jambes vers l’avant du canot. De ce rebord s’élève une pièce de peau qu’il se lie autour du corps, et qui ferme tout passage à l’eau. Les coutures des peaux sont enduites d’une espèce de goudron ou de colle qui n’est qu’une préparation d’huile de phoque : c’est dans ces canots que les Esquimaux prennent avec eux tout ce qui est nécessaire à