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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 19.djvu/220

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tes les ayant rapprochés dès le même jour, ils eurent ensuite à traverser une prodigieuse quantité de bois flottant. C’étaient de grosses pièces, qu’on aurait prises pour du bois de charpente, et qui, se présentant de toutes parts, firent chercher à Ellis la cause d’un spectacle si singulier. Toutes les relations, dit-il, qu’on a du Groënland, des côtes du détroit de Davis et de celles du détroit d’Hudson, quoique assez opposées sur divers points, s’accordent toutes à nous assurer qu’il ne croît point de bois de cette grosseur dans toutes ces contrées ; d’où l’on doit conclure que, de quelque part qu’il puisse venir, ce n’est pas des lieux qu’on vient de nommer. Quelques-uns supposent qu’il arrive des côtes de la Norwége ; et d’autres le font venir de la côte orientale du pays de Labrador. Mais Ellis rejette ces deux sentimens : d’un côté les vents du nord-ouest qui dominent dans ces parages l’empêcheraient d’arriver de Norwége ; et de l’autre les courans impétueux qui sortent des détroits de Davis et d’Hudson, en tendant vers le sud, l’arrêteraient au passage et ne lui permettraient jamais de venir de la côte d’Amérique dans ces mers. L’explication d’Egède, qui avait passé plusieurs années dans la colonie danoise établie à l’ouest du Groënland, paraît plus plausible au voyageur anglais. Egède avait vu, sur la côte orientale de ce pays, par le 61°. de latitude, des bouleaux, des ormes, et d’autres espèces d’arbres, de dix-huit pieds de haut, et de la gros-