Mais, avant la fin du même siècle, les Hollandais conçurent que ce qui paraissait vraisemblable à tant d’habiles gens par le nord-ouest ne devait pas être plus impossible par le nord-est. Le commerce de leur nation était borné aux mers de l’Europe ; et peut-être ne serait-il jamais sorti de ces bornes, si les Espagnols n’eussent pas enlevé leurs vaisseaux, en les traitant eux-mêmes avec la dernière rigueur. Cette tyrannie, qui semblait devoir causer leur ruine, devint, comme on l’a vu, la source de toutes leurs prospérités : elle leur fit naître l’idée d’aller chercher sous un autre ciel, et parmi des peuples barbares, les secours qui leur étaient refusés par leurs voisins. Faibles comme ils l’étaient encore, il fallait éviter la rencontre de deux ennemis aussi puissans que les Espagnols et les Portugais ; et ce fut cette difficulté qui leur fit prendre la résolution de chercher une nouvelle route. Celle du nord-est, quoique tentée sans succès par Sébastien Cabot, leur parut la plus convenable à leurs vues. Ils savaient qu’après Cabot, le chevalier Hugues Willoughby avait pénétré, en 1553, jusqu’au 72° ; qu’en 1558, Étienne Burrough avait entrepris la même recherche ; que Pert et Jakman, en 1580, avaient reconnu aussi des terres fort éloignées ; mais pourquoi regarder toutes ces navigations comme le dernier terme de l’art et du courage des hommes ? Ils se flattèrent qu’il était échappé quelque chose aux mesures d’un temps moins éclairé,