Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 2.djvu/114

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l’un avant l’autre ; car les Maures sont une nation fort bruyante.

Un Maure nommé Barikada fit présent au général d’un aigle apprivoisé, de la grandeur d’un coq d’Inde. Il n’avait rien d’ailleurs qui le distinguât des aigles ordinaires. Sa familiarité avec les hommes allait jusqu’à se laisser prendre par le premier venu, et en peu de jours il prit l’habitude de suivre le général comme un chien ; mais il fut tué malheureusement par la chute d’un baril qui l’écrasa sur le tillac. Apparemment la science d’apprivoiser les animaux est fort cultivée dans ce pays, car l’auteur parle de deux pintades, mâle et femelle, si privées, qu’elles mangeaient sur son assiette, et qu’avec la liberté de voler au rivage, elles revenaient sur la barque au son de la cloche, pour le dîner et le souper. Pendant toute la foire, Brue ayant observé les jours de fête et les jeûnes de l’Église, et n’ayant pas manqué de faire réciter soir et matin les prières à bord, tous les Maures le prirent pour un marabout français.

Le désert est infecté par une sorte de milans que les Nègres appellent ekoufs. Ces animaux sont si voraces, qu’ils venaient prendre les alimens des matelots jusque dans les plats.

Brue, qui ne se ménageait pas dans l’exercice de ses fonctions, gagna une colique violente pour avoir dormi à l’air après s’être extrêmement fatigué. Ses chirurgiens avaient employé vainement toute leur habileté à le