Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 2.djvu/133

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n’avait pas eu d’autres obstacles à surmonter ; mais il devait s’attendre aux mêmes difficultés dans chaque ville qu’il avait à traverser. À la vérité, il n’oublia pas de se faire accompagner, dans toute la suite de ses voyages, par quelques habitans du pays qui lui avaient paru fort attachés à ses intérêts. Cependant les jalousies et les dangers renaissaient à chaque pas. Il fut obligé de répondre à mille questions enuyeuses, d’essuyer des observations fort gênantes ; et, sans l’amorce de ses présens, il aurait désespéré plus d’une fois de pouvoir pénétrer plus loin. Dans ce pays, comme dans le reste du monde, c’est le plus sûr moyen de donner de la force et du poids aux argumens. Il trouva néanmoins plusieurs villes où les présens joints aux raisons furent trop faibles pour dissiper la crainte et la défiance. Si les habitans paraissaient disposés à ménager sa vie, ils n’en refusaient pas moins de le laisser toucher à la terre de leurs mines. En vain leur offrit-il de l’acheter au prix qu’ils y voudraient mettre, en les assurant par lui-même et par des guides qu’il n’avait pas d’autre motif que sa curiosité, et que son dessein était d’en faire des cassots ou des têtes de pipes. Après avoir écouté ses raisons, ils lui déclarèrent que jamais il ne leur ferait croire qu’un homme put voyager si loin pour un motif si léger. Ils lui soutenaient qu’il était venu dans quelque mauvaise intention, celle peut-être de voler leur or ou de conquérir leur pays après l’avoir reconnu ; et