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expliquer sa situation, il fut arrêté au mois de juin 1731, en vertu de la loi contre les Nègres fugitifs qui est en vigueur dans toutes les colonies de l’Amérique. Bluet, alors établi dans cette contrée, et plusieurs autres marchands anglais, eurent la curiosité de le voir dans sa prison. Sur divers signes qu’ils lui firent, il écrivit deux ou trois lignes en arabe ; et, les ayant lues, il prononça les mots Allah et Mahomet, qui furent aisément distingués par les habitans. Cette marque de sa religion, jointe au refus d’un verre de vin qui lui fut présenté, fit assez connaître qu’il était mahométan ; mais on n’en devinait pas mieux qui il étai , et comment il se trouvait dans le canton. Sa physionomie d’ailleurs, et ses manières composées ne permettaient pas de le regarder comme un homme du commun.

Il se trouva parmi les Nègres du pays un vieux Iolof, qui entendit enfin son langage, et qui, l’ayant entretenu, expliqua aux Anglais le nom de son maître et les raisons de sa fuite. Ils écrivirent dans le lieu d’où il était parti. Tolsey vint le prendre lui-même et le traita fort civilement. Il le conduisit dans son habitation, où il prit soin de lui donner un endroit commode pour ses exercices de religion, et d’adoucir plus que jamais son esclavage. Job profita de la bonté de son maître pour écrire à son père. Sa lettre fut remise à Denton, qui devait en charger le capitaine Pike, au premier voyage qu’il ferait en Afrique ; mais alors Pike étant parti pour