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sorte de javeline fort longue, et trois ou quatre dards de la forme des flèches, avec cette différence que la tête en est plus grosse, et qu’étant dentelée, elle déchire la blessure lorsqu’on la retire après le coup. Tous les cavaliers sont si chargés de grisgris, qu’ils ne peuvent faire quatre pas, s’ils sont démontés ; ils lancent assez loin leurs zagaies. Avec ces armes, ils ont un cimeterre et un couteau à la mauresque, long d’une coudée sur deux doigts de largeur. Quoique chargés de tant d’instrumens, ils ont les bras et les mains libres, de sorte qu’ils peuvent charger avec beaucoup de vigueur.

L’infanterie est armée d’un cimeterre, d’une javeline et d’un carquois rempli de cinquante ou soixante flèches empoisonnées, dont les blessures causent infailliblement la mort, pour peu que les remèdes soient différés. Les dents de ces flèches ne causent pas des effets moins dangereux, puisque, ne pouvant être retirées, il faut qu’elles traversent la partie dans laquelle elles sont entrées. L’arc est composé d’un roseau fort dur qui ressemble au bambou ; la corde est d’une autre sorte de bois, et est jointe à l’arc avec beaucoup d’art. Les Nègres, en général, se servent de leurs arcs avec tant d’adresse, que de cinquante pas ils sont sûrs de frapper un écu. Ils marchent sans ordre et sans discipline au milieu même du pays qu’ils attaquent. Leurs guiriots les excitent au combat par le son de leurs instrumens.

Lorsqu’ils sont à la portée de leurs armes,