Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 2.djvu/20

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tinua sa course jusqu’à la rivière de Zanagha ou de Sénégal. Cinq ans avant ie voyage de Cadamosto, cette grande rivière avait été découverte par trois caravelles du prince Henri, comme on l’a vu dans le récit des premiers établissemens ; et depuis ce temps-là il ne s’était point passé d’année où le Portugal n’y eût envoyé quelques vaisseaux.

La rivière de Sénégal a plus d’un mille de largeur à son embouchure, et l’entrée en est fort profonde. Cependant des sables amoncelés par l’action du cours des eaux, opposée à celle de la mer lorsqu’elle monte, obligent les vaisseaux d’observer le cours de la marée pour entrer dans le fleuve ; on y remonte l’espace de soixante-dix milles, suivant le témoignage que l’auteur en reçut d’un grand nombre de Portugais qui y étaient entrés dans leurs caravelles. Depuis le cap Blanc, qui en est à trois cent quatre-vingts milles, la côte se nomme Anterota, et borde le pays des Azanaghis ou des Maures basanés. Cette côte est continuellement sablonneuse jusqu’à vingt milles de la rivière.

Cadamosto fut extrêmement surpris de trouver la différence des habitans si grande dans un si petit espace. Au sud de la rivière, ils sont extrêmement noirs, grands, bien faits et robustes ; le pays est couvert de verdure et rempli d’arbres fruitiers. De l’autre côté, les hommes sont basanés, maigres, de petite taille, et le pays sec et stérile.