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tire sa subsistance pour lui-même et pour tout son cortége. Tous les jours, au lever du soleil, chaque femme de l’habitation où il arrive prépare trois ou quatre couverts de différentes viandes, telles que du chevreau, du poisson, et d’autres alimens du goût des Nègres, qu’elle fait porter par ses esclaves au logement du chef ; de sorte qu’en s’éveillant il trouve quarante ou cinquante mets qu’il se fait servir suivant son appétit. Le reste est distribué entre ses gens. Mais, comme ils sont toujours en fort grand nombre, la plupart sont toujours affamés. Il se promène ainsi d’une habitation à l’autre pour visiter successivement toutes ses femmes : ce qui lui procure ordinairement une nombreuse postérité. Mais, lorsqu’une femme devient grosse, il n’approche plus d’elle. Tous les seigneurs suivent le même usage.

Ces Nègres font profession de la religion mahométane, mais avec moins de lumières et de soumission que les Maures blancs. Cependant les seigneurs ont toujours près d’eux quelques Azanaghis, ou quelques Arabes pour les exercices de leur culte ; et c’est une maxime établie parmi les grands de la nation, qu’ils doivent paraître plus soumis aux lois divines que le peuple. Cette opinion, qui est assez généralement celle des grands de toutes les nations, est-elle fondée sur la reconnaissance ou sur la politique ?

Les Nègres du Sénégal sont toujours nus, excepté vers le milieu du corps, qu’ils se cou-