Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 2.djvu/255

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prêtres nègres. Ils s’attachent sur plusieurs points à la loi du Lévitique, dont ils ont quelque connaissance. Ils ont des villes et des terres particulières à leur tribu, où ils n’admettent pas d’autres Nègres que leurs esclaves. Leurs mariages ne se font qu’entre les hommes et les femmes de leur race, et tous leurs enfans sont élevés pour la prêtrise. Labat les représente comme de scrupuleux observateurs de tous les préceptes de l’Alcoran. Ils s’abstiennent de vin et de liqueurs spiritueuses. Ils observent le ramadan avec beaucoup d’exactitude. Ils ont plus de douceur et de politesse que le commun des Nègres. Ils aiment le commerce, et se plaisent à voyager dans cette vue. Leur honnêteté et leur bonne foi sont généralement reconnues dans les affaires. La charité est une vertu qu’ils ne violent jamais entre eux ; et jamais ils ne souffrent qu’un homme de leur tribu soit vendu pour l’esclavage, s’il n’a mérité ce châtiment par quelque grand crime. Voilà du moins ce que les historiens, que nous suivons ici, appellent charité. On peut observer que, si les marabouts ne l’exécutent qu’envers leurs confrères, ils n’ont pas souvent l’occasion de la pratiquer, puisque le commerce des grisgris, tel qu’on l’a représenté, doit les rendre les plus riches de tous les Nègres ; et qu’est-ce qu’une charité qui ne respecte et ne soulage le malheur que dans celui qui a le même habit et la même doctrine que nous ? Cette charité, qui dérobe tous les marabouts