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çoivent des vaisseaux portugais. Le froment demande un climat tempéré et de fréquentes pluies qu’ils n’ont presque jamais, car ils passent neuf mois sans voir tomber une goutte d’eau du ciel, c’est-à-dire depuis le mois d’octobre jusqu’au mois de juin. Cependant ils ont du millet, des fèves et des noisettes de diverses couleurs. Leur fève est large, plate, et d’un rouge assez vif. Ils en ont aussi de blanches. Ils plantent au mois de juillet pour recueillir au mois de septembre. Comme c’est le temps des pluies, les rivières s’enflent, et donnent à la terre une certaine fécondité. Tout l’ouvrage de l’agriculture et de la moisson ne prend ainsi que trois mois ; mais les Nègres entendent peu l’économie, et sont d’ailleurs trop paresseux pour tirer beaucoup de fruit de leur travail. Ils ne plantent que ce qu’ils jugent nécessaire pour le cours de l’année, sans penser jamais à faire des provisions qu’ils puissent vendre. Leur méthode pour cultiver la terre est de se mettre cinq ou six dans un champ, et de la remuer avec leurs épées, qui leur tiennent lieu de hoyaux et de bêches. Ils ne l’ouvrent pas à plus de quatre pouces de profondeur ; mais les pluies lui donnent assez de fertilité pour rendre avec profusion ce qu’on lui confie avec tant de négligence.

Leurs liqueurs sont l’eau, le lait, et le vin de palmier ; ils tirent la dernière d’un arbre qui se trouve en abondance dans le pays, et qui n’est pas celui qui produit la datte, quoiqu’il soit de la même espèce. Cette liqueur, qu’ils