Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 2.djvu/31

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

douce, remplis de poissons qui ne ressemblent point aux nôtres, surtout d’un grand nombre de serpens d’eau que les Nègres nomment kalkatrici.

Ils ont une huile dont ils font usage dans leurs alimens, sans que l’auteur ait pu découvrir d’où ils la tirent, et de quoi elle est composée : elle a trois qualités remarquables ; son odeur, qui ressemble à celle de la violette ; son goût, qui approche de celui de l’olive ; et sa couleur, qui teint mieux les vivres que le safran.

On trouve dans le pays différentes sortes d’animaux, mais surtout une prodigieuse quantité de serpens, dont quelques-uns sont fort venimeux. Les plus grands, qui ont jusqu’à deux toises de longueur, n’ont pas d’ailes, comme on a pris plaisir à le publier ; mais ils sont si gros, qu’on en a vu plusieurs qui avalaient une chèvre d’un seul morceau.

Le pays de Sénégal n’a pas d’autres animaux privés que des bœufs, des vaches et des chèvres. Il ne s’y trouve pas de moutons, parce qu’ils ne s’accommodent pas d’un climat si chaud. Ainsi la nature a pourvu, suivant la différence des pays, à toutes les nécessités du genre humain. Elle a fourni de la laine aux Européens, qui ne pourraient s’en passer dans un pays aussi froid que celui qu’ils habitent ; au lieu que les Nègres, qui n’ont pas besoin d’habits épais dans leurs chaudes contrées, ne peuvent élever des moutons ; mais le ciel y supplée en leur donnant du coton, qui convient mieux à leur pays.