Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 2.djvu/332

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autres grains sont dans leur maturité. Ils se joignent quarante ou cinquante pour entrer dans un lougan. Un des plus vieux se place en sentinelle au sommet de quelque arbre, tandis que les autres font la moisson ; s’il aperçoit quelque Nègre, il se met à pousser des cris furieux. Toute la troupe, avertie par ce signal, se retire avec son butin, en sautant de branche en branche avec une merveilleuse agilité. Les femelles chargées de leurs petits n’en sont pas moins légères. Les jeunes s’apprivoisent aisément. La plus sûre méthode pour les prendre, est de les blesser au visage, parce qu’y portant les mains dans le premier sentiment de la douleur, ils lâchent la branche qui les soutient, et tombent ordinairement au pied de l’arbre. On s’engagerait dans un détail infini, si l’on voulait décrire toutes les différentes espèces de singes qui se trouvent depuis Arguin jusqu’à Sierra-Leone. Leurs bandes vivent séparées dans les cantons qu’elles se sont appropriés. Ce sont en général des guenons, des macaques, des babouins. On y trouve principalement des patas, des blancs-nez, la diane, le mandrill, la guenon à camail, le caillitriche ou singe vert ; enfin on y voit même l’orang-outang chimpanzee, ou barris, ou quojas morrou. Ces espèces sont la plupart méchantes, indociles, malpropres. Plusieurs auteurs assurent que les plus grandes enlèvent les petites Négresses de huit à dix ans, en jouissent, leur donnent tous leurs soins, et en sont jaloux.