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boire ni manger, à la réserve de quelques mouches, qu’ils semblaient avaler avec plaisir. Dans l’espace d’une demi-heure, il voyait leur couleur changer trois ou quatre fois, sans aucune cause extraordinaire à laquelle il pût attribuer cet effet. Leur couleur habituelle est le gris, ou plutôt un souris pâle ; mais les changemens les plus fréquens sont en un beau vert tacheté de jaune. Quelquefois le caméléon est marqué de brun sur tout le corps et sur la queue. D’autres fois, c’est de brun qu’il paraît entièrement couvert. Sa peau est fort mince, et probablement transparente ; mais c’est une erreur de s’imaginer qu’il prenne toutes les couleurs qui se trouvent près de lui. Il y a des couleurs qu’il ne prend jamais, telles que le rouge. Cependant de Bruyn confesse qu’il lui a vu quelquefois recevoir la teinture des objets les plus proches. Il lui fut impossible de conserver plus de cinq mois en vie ceux dont il voulait éprouver la durée. La plupart moururent dès le quatrième mois.

Si le caméléon descend de quelque hauteur, il avance fort soigneusement un pied après l’autre, en s’attachant de sa queue à tout ce qu’il rencontre en chemin. Il se soutient de cette manière aussi long-temps qu’il trouve quelque assistance ; mais, lorsqu’elle lui manque, il tombe aussitôt à plat. Sa marche est fort lente.

Bosman trouva de la différence entre les caméléons de Smyrne et ceux de Guinée. Dans le